Le sage fataliste : c’est utopique !

Introduction

Beaucoup de personnes, peut-être à partir de la quarantaine, utilisent le terme “utopique” parce qu’ils pensent que c’est l’expression d’usage qu’ils doivent utiliser à leur âge. Ils critiquent subjectivement des projets suggérés par d’autres, plus jeunes. On notera qu’un tel échange est récurrent sous la forme d’un dialogue entre une personne d’un certain âge, se considérant comme expérimentée, et un jeune adolescent que l’on qualifierait “d’inexpérimenté de la vie”.

Sagesse ou paresse

Ces personnes qui s’estiment sages et matures et qui tiennent souvent des discours caricaturaux parfaitement fatalistes, vous présenteront leurs propos comme étant ceux de la sagesse. Il n’en n’est rien en pratique, car le fatalisme, quoi qu’il représente, n’est aucunement sage. Par exemple, on les entend souvent dire “ C’est comme ça que marche le système et on ne peut rien contre lui”. Ce fatalisme, la plupart du temps, n’est effectivement qu’une échappatoire permettant de justifier sa paresse. Cette opposition entre un “jeune révolutionnaire” et un ancien “sage” est une scène récurrente et typée. En prenant un recul supplémentaire sur ces situations, nous ne devrions aucunement prendre parti pour l’un ou l’autre des interlocuteurs. 

Le parcours du sage fataliste

Le “sage fataliste” plus âgé, risque de chercher à justifier par tous les moyens sa propre situation, par prétention ou par volonté de ne pas remettre en cause les choix de sa propre vie. Une fois de plus le raisonnement ne démarre pas d’une absolue abstraction, mais d’une vie déjà remplie de choix et de situations figées. Ainsi réapparaissent les pseudo-arguments d’auto-persuasion, choisis en fonction d’une situation existante. Et nous pouvons en effet critiquer négativement le cliché peu innovant et banal que représente une personne en couple, dans la quarantaine, ayant deux enfants, deux voitures, un chien et résidant dans le petit pavillon plus beau que celui du voisin et dont les équipements respectent bien les dernières normes industrielles en vigueur. La maturité consiste-t-elle en le fait de se faire absorber par un système conventionnel que l’on n’aurait jamais remis en cause et dont on n’aurait jamais cherché le moyen de contourner ?

Le jeune révolutionnaire

Le “jeune révolutionnaire”, quant à lui, ne possède que peu “d’expérience de la vie”, mais souvenons nous que l’expérience est aussi une source de contamination, qui le conduirait malheureusement, à prendre plus tard, le rôle du sage fataliste. Sa faible expérience de la vie, lui garantit une innocence. Toutefois, le “jeune révolutionnaire” a deux grands défauts. Tout d’abord, il manque de capacités d’analyse, car devenir capable d’analyser avec recul le contexte global dans lequel s’insère un dialogue caricatural jeune-ancien demande du temps. Ce temps passé peut lui dessiner deux chemins : celui qui l’amène à avoir un grand recul et celui qui le contaminera, le laissant devenir un “sage fataliste” à son tour. Aussi, il manque de compétences et de connaissances scientifiques qui lui permettraient d’expliquer les vraies alternatives contextuelles techniquement réalistes. Le “jeune révolutionnaire” prône trop souvent le changement par l’utilisation de “révolutions destructrices”, qui ont une image violente et négative auprès de ses auditeurs mais qui ne serait pas pour autant non nécessaire. Je vous invite à consulter l’article au sujet du changement pour plus d’informations à ce sujet.

Conclusion

La sagesse, tout compte fait, ne peut aucunement être considérée comme un état de vérité absolue, car si le sage sombre dans une acceptation progressive de faits inacceptables, cela s’appelle baisser les bras (par paresse ?). Le jeune révolutionnaire lui, voit son avenir et pense qu’il est encore temporellement rentable de l’anticiper. Laisser tomber pour accepter l’inacceptable, c’est manquer de persévérance et, par ailleurs, se moquer pas mal des « générations futures ». Pour se persuader que les propos ci-dessus sont faux, la sophistique précisément auto-persuasive et les bonnes excuses que nous avons maintes fois évoqué sont toujours au devant de la scène. Ainsi vous entendrez ces pseudo-sages tolérer l’intolérable, avec un calme exaspérant, en prononçant des interjections stupides du type « c’est l’air du temps qui veut ça ». Ne vous laissez jamais persuader par la forme et l’image méliorative d’une personne calme et expérimentée, sans avoir pensé par vous même. Ne tombez pas dans la paresse qui permet à d’autres de vous tenir dans la manipulation intellectuelle, elle même souvent conséquente à leur propre paresse.