Le bricolage en tant que loisir

Introduction

Il y a probablement deux grands phénomènes qui expliquent la rareté de bricolages correctement réalisés, basés sur des ressentis subjectifs ainsi que des conséquences émotionnelles liées à la contrainte du travail industriel.

La vision du bricolage

Le premier est un fait socio-statistique : il existe un profil type de personne utilisant la « haute technicité » dans un contexte de loisirs technique. Ce profil type, s’il est défini par ses caractéristiques principales, semble quasiment unique. Malheureusement, à cette personnalité récurrente de géotrouvetout est très souvent associé un esprit plutôt pragmatique mais sans souci de la rigueur. C’est l’existence même de cette personnalité type qui peut avoir pour conséquence d’associer « bricoleur-récupérateur » avec « travail bâclé » pour les “spectateurs”. C’est encore une association d’idée extrêmement toxique pour la recontextualisation.

La rupture travail – loisirs

Le second phénomène, on le constate facilement en discutant avec des ingénieurs et techniciens de l’industrie. Il consiste en la volonté des travailleurs de créer une véritable rupture entre le travail et les loisirs. Comme nous l’avons dit, c’est dans l’industrie que la technicité est la plus utilisée, ce qui crée un lien irrémédiable dans les esprits entre technicité et travail. En posant aux travailleurs des questions du type « mais puisque c’est votre métier, pourquoi ne le feriez-vous pas chez vous, vous-même ?  » (en parlant d’un système quelconque, pourquoi pas d’un tableau électrique, en s’adressant à un électrotechnicien de profession). Dans ces cas-là, la réponse est très souvent virulente et explicite « Je fais ça tous les jours, quand je rentre chez moi, j’ai envie de penser à autre chose! » Faites l’expérience autour de vous.

Nous expliquerions ainsi que les bons bricolages seraient rares parce que les techniciens et ingénieurs tendent à maintenir une véritable rupture entre travail et loisirs.  L’industrie, donc le “travail” est le contexte qui utilise massivement les technologies. De ce fait, les ingénieurs et techniciens sont rarement ceux qui ont des loisirs techniques. Le loisir étant aussi défini comme une rupture et une évasion par rapport au travail quotidien.

Pourtant, Jean FOURASTIE, dans son ouvrage publié en 1970 Des loisir pour quoi faire ? était plutôt de l’avis que nos loisirs étaient influencés et allaient précisément dans le sens de nos professions. Je m’en remets à l’expérience du lecteur qui se forgera son propre avis à ce sujet.

Conclusion

Il n’y a aucune raison logique pour que, dans un contexte de loisir, nous ne puissions pas transposer la rectitude et le sérieux des techniques industrielles. L’existence des deux phénomènes ci-dessus constituent deux barrières à la recontextualisation qu’il convient de connaître afin de les surmonter par la raison.