Le fatalisme dont nous parlons est la notion qui consiste à considérer systématiquement qu’un problème n’a pas de solution ou que les solutions sont inenvisageables au vu des moyens qu’elles requièrent. Il y a deux grandes variantes du fatalisme : celui qui émane d’un paresseux malhonnête et celui qui émane d’un innocent ignorant.
Le fatalisme du paresseux malhonnête.
Le fatalisme du paresseux malhonnête consiste à admettre des faits comme étant des fatalités pour justifier sa propre paresse. En effet, se dire que rien n’est possible pour faire changer les choses justifie parfaitement le fait de ne rien faire en ce sens. Une fois de plus, il peut aussi s’agir de chercher à ne pas remettre en cause sa propre situation existante, pour ne pas s’auto-décevoir. En d’autres termes, ne pas admettre qu’il aurait été possible d’agir afin de n’avoir aucun regrets. Ainsi nous éviterions un début de considération d’une forme de culpabilité personnelle quand il s’agit de sujet propre à notre vie, ou d’une culpabilité vis à vis d’autrui lorsqu’il s’agit d’actions touchant aux autres ou au collectif. Nous pouvons citer par exemple la culpabilité de l’état de l’environnement souvent imputé aux « générations précédentes ».
Le fatalisme de l’innocent ignorant.
Le fatalisme de l’innocent ignorant est honnête. L’innocent ignorant est véritablement convaincu, à cause de son manque de connaissances et de compétences, que l’on ne peut rien changer à un sujet donné.
L’information et l’éducation peut résoudre le problème du fatalisme innocent. Le fatalisme du paresseux, lui, est plus difficile à changer. C’est en effet sur la mentalité des personnes qu’il faudrait intervenir. Vous remarquerez que la volonté de s’informer est aussi entravée par la paresse. Il est toujours moins fatiguant de ne pas chercher à savoir. La question de savoir si le fataliste ignorant est coupable de ne pas chercher à savoir reste ouverte.
Conclusion.
La paresse, mais aussi la peur d’un bouleversement, sont les piliers de la résistance au changement. Le problème du fatalisme est simple et évident : si l’on se persuade de l’inefficacité d’un ensemble d’actions, nous pensons alors qu’il ne serait que perte de temps et d’énergie de chercher à les exécuter.
Si nous devions identifier un seul vice de l’être humain, qui serait la cause unique de la destruction de l’humanité avec ou par la destruction de son environnement, ce serait bien la paresse. La paresse veut que l’on ne se pose pas trop de questions, elle nous incite à croire sur parole les manipulateurs qui peuvent ainsi continuer à nous dominer. Être dans l’opposition demande en effet de l’énergie.
Pourtant, l’être humain possède la raison qui devrait lui permettre de dépasser des ressentis primitifs émanant de sa nature animale tels que les sentiments impulsionnels, les désirs irraisonnés, et bien sûr, la paresse. Nous pensons que l’information sur les sujets scientifiques constitue déjà une base à la réduction du fatalisme.
L’extrapolation automatique est une conséquence directe de la considération systématique et permanente d’un contexte qui n’est pas celui du débat en cours, par un des interlocuteurs. C’est le symptôme typique de l’expérimenté innocent. Chaque phrase, chaque idée, sera extrapolée et projetée dans le mauvais domaine, souvent considérée comme une idée vouée à une commercialisation.
L’extrapolation typique
L’extrapolateur va fréquemment critiquer la commerciabilité d’un système conçu par et pour un contexte de “technique recontextualisée”. Il convient alors de re-préciser ce contexte. Malgré cela, certains continuent encore frénétiquement, sans raisons logiques, leurs critiques inappropriées ! Le phénomène d’associations d’idées est encore une fois très présent en ce que les éléments présentés, s’ils sont utilisés fréquemment dans un type de contexte, impliqueront la considération systématique de ce dernier par l’auditeur. Notez que l’extrapolation automatique est synonyme de contextualisation inappropriée, elle contient aussi le fait que l’interlocuteur se permet de deviner des intentions « classiques » mais inexistantes que vous auriez. Souvent, c’est le dépôt de brevet qui vient à l’esprit lorsqu’on présente une idée, car l’interlocuteur s’imagine que si vous la présentez, c’est forcément parce qu’elle serait industriellement novatrice et que vous voudriez donc l’industrialiser.
L’accusation du gâchis
En insistant sur le contexte de vos idées, certains dérivent ensuite, dans la même discussion, vers des considérations de pré-orientation d’esprit travail/loisir. Ces personnes vont très souvent “trouver dommage” le fait que toute cette intelligence technique que vous utilisez “hors contexte” ne soit pas utilisée dans l’industrie. Il convient souvent de rappeler, une fois de plus, que cette intelligence technique est par essence, d’un type et d’une destination totalement différents de l’industrie. Certains iront même jusqu’à trouver scandaleux la non utilisation de cette technicité dans le domaine économico-industriel. Vous pouvez alors leur demander ce qu’eux font, le dimanche, pour l’innovation dans le contexte économico-industriel !
Conclusion
Une fois de plus, ne vous laissez pas décourager, ne vous auto-persuadez pas que vos idées sont mauvaises après la rencontre avec un extrapolateur. Si vous envisagez une idée, généralement c’est que sur certains aspects, dans un certain contexte, elle a du sens. Ayez les idées claires sur les notions de contextes d’application.
L’expérimenté, c’est tout simplement celui qui possède une expérience. Et il risque d’être confronté aux problématiques que nous avons évoquées dans l’article à ce sujet. Les personnes ayant travaillé dans l’industrie utilisent malheureusement leur expérience inappropriée pour porter un regard sur des systèmes issus de contextes totalement différents. Soit il s’agit d’un réflex innocent, puisque le contexte économico-industriel est prédominant, ou alors s’agit-il d’une volonté consciente de refuser la considération d’un autre contexte pour lequel l’expérience personnelle serait inappropriée, par refus de ne plus être “celui qui sait”.
Malhonnêteté bien ordonnée commence par soi même
Très souvent, les personnes expérimentées vont, tout comme le jaloux, chercher des arguments d’auto-persuasion. Ces arguments sont destinés à vanter les mérites du contexte qui a engendré leur expérience. Ainsi ces personnes se soulagent la conscience en pensant avoir toujours travaillé dans le « bon » contexte.
L’expérimenté face à la recontextualisation
Les expérimentés vont notamment critiquer (au sens péjoratif) les installations individuelles de production d’énergie ou de récupération d’eau en tenant ce genre de propos : « Oui mais si tout le monde se refait son propre système dans son coin plutôt que d’utiliser les systèmes collectifs… ». La phrase n’est pas terminée car c’est souvent telle qu’on l’entend. Les ingénieurs en réseaux électriques et spécialistes des différents réseaux (eau, gaz, etc.) sont très nombreux puisque notre mode de vie industriel est basé sur l’utilisation massive de ces réseaux. Peut-être penseraient-ils devoir remettre en cause 35 années de carrière en admettant un quelconque intérêt dans les idées nouvelles de la recontextualisation.
Conclusion
Méfiez vous des expérimentés, faites leur part du risque de l’inadéquation de leur expérience au contexte que vous évoquez dans vos discours et analyses. N’hésitez pas à consulter l’article sur l’expérience qui complètera cette description.
Le jaloux, n’aime pas se remettre en cause ou s’auto-décevoir. Lorsque vous lui présentez une idée quelconque, le jaloux se met à la recherche d’arguments visant à dénigrer l’idée. On remarque dans ces cas là, la forme récurrente des arguments qui s’apparentent davantage à des “bonnes excuses”. Ces arguments sont très caricaturaux et montrent la tentative d’auto persuasion de l’énonciateur. La malhonnêteté sophisticienne transparaît dans le cocktail classique des “bonnes excuses” utilisées, mais aussi dans les intonations d’un discours oral.
Les bonnes excuses qui trahissent !
Dans le cas des loisirs techniques les notions suivantes sont souvent la base des “bonnes excuses” :
Le manque de temps, argument de base qui bien évidemment peut être honnête s’il n’est pas utilisé pour la persuasion. Nous ne prenons pas beaucoup de risque à dire ça, me direz vous. Toutefois entre la famille et les autres passions, etc. il peut être difficile de trouver du temps, je vous renvoie donc aux subtilités de la forme du discours pour être capable de percevoir l’honnêteté de l’argumentation que l’on vous expose.
La prétendue faiblesse du ratio efforts/résultats : dans le cas de l’utilisation de cet argument, le jaloux s’auto-persuade d’avoir choisi consciemment un niveau d’exigence plus élevé que les personnes dont il critique l’idée. C’est une bonne excuse très courante par laquelle on perçoit très bien de l’extérieur la malhonnêteté de l’interlocuteur avec lui même. Pour résumer, ce pseudo argument permet au jaloux de penser et de laisser penser aux autres qu’il avait déjà eu les idées que vous lui présentez, mais qu’il ne les avait pas développées ou approfondies par choix.
L’illégalité : la loi est un refuge pratique pour le jaloux et c’est un des moments particuliers où le jaloux, pour des illégalités moins que mineures va prétendre vouloir respecter la loi (ou les normes). Pourtant, ce jaloux serait le premier à commettre des excès de vitesse et à critiquer les radars automatiques. Par exemple, fabriquer sa propre électricité ou une fosse septique produisant du biogaz peuvent être hors normes en certains aspects, qui seront appuyés par le jaloux. Les jaloux prétendent vouloir noblement respecter les lois ou normes (ce qui constitue parfois un formatage), en fonction du contexte, tant que cela donne une continuité logique à leur raisonnement auto-persuasif.
Conclusion
Un jaloux utilisant ces méthodes se repère facilement, il prétend simplement que tout ce que lui fait ou possède sont les seuls bons choix. D’un autre côté il veut penser que s’il ne fait pas ce que les autres font, ou ne possède pas ce que les autres possèdent, c’est parce qu’il avait bien compris que ça n’en valait pas la peine, et ce, toujours en faisant appel à la sophistique auto persuasive.
Très nuisible à l’innovation, la pensée « tout ou rien » est aussi le fait des visions habituelles et a un fort lien avec les associations d’idées. Dans l’article sur les associations d’idées, nous mentionnons l’exemple qui consiste à penser qu’un autre contexte qui ne serait pas l’industrie serait alors démuni de tout ce qui est contenu dans celle-ci. C’est une barrière sans raison d’être.
Idéalisme ou rien !
On sait à quel point l’esprit a énormément de mal à apprécier et à explorer des idées qui ne sont pas franchement esthétiques, nouvelles, ou dont le résultat serait une symbiose commensale plutôt que mutualiste. Cet idéalisme, qui est un concept positif, ne doit cependant pas justifier la paresse du fataliste. Tous les concepts améliorant une situation existante, ne serait-ce qu’un peu, constituent toujours une pondération positive dans un objectif quelconque, même si l’absence de la beauté d’une symbiose mutualiste ne satisfait pas pleinement notre esprit en proie à la subjectivité. La volonté de “tout ou rien” ressemble à une réminiscence de caprice d’enfant, lorsque la solution envisagée n’est pas aussi “belle” qu’espérée. La raison doit prendre le pas et encourager ces améliorations.
Encore faut-il libérer l’esprit de toutes les contraintes subjectives que l’on doit dénoncer pour être capable d’arriver à un tel résultat. L’éducation que nous donnerons à nos enfants en les incitant à bricoler et calculer plutôt qu’à s’abrutir de médias mensongers, de “culture sportive”, de “gadgets à la mode” et de drogues y joue un rôle fondamental.
Individualité et co-application des solutions
Un excellent exemple de l’esprit « tout ou rien », est celui qui consiste à tester plusieurs méthodes de résolution d’un problème technique et de les rejeter une à une car on les juges inefficaces, tout en oubliant de les combiner.
Nous pouvons prendre l’exemple des techniques de restauration des batteries au plomb. Prisent individuellement, elles ne fonctionnement pas toujours. Cet aspect non systématique et d’ailleurs un facteur influant sur l’utilisateur capricieux qui refuse l’aspect statistique et la possibilité de l’échec, quand bien même cela arriverait rarement.
Pour réparer les batteries acide-plomb il existe trois méthodes principales : le procédé chimique, le procédé mécanique et le procédé électrique/électronique. Ces trois procédés sont souvent décrits de manière unitaire ou indépendante. Ils peuvent se compléter, en s’appliquant en même temps sur la même batterie, augmentant considérablement le taux de réussite de la restauration. Un article sera prochainement disponible à ce sujet dans la rubrique applications.
Conclusion
Nous devons être conscients de la tendance de l’esprit à vouloir passer d’un extrême à l’autre. Il ne faut pas hésiter à décontextualiser toutes les idées et chercher des compromis, des “solutions intermédiaires”. Nous devons encourager une transition faite d’améliorations continues et progressives à défaut d’une ou plusieurs révolutions aux résultats idéaux et immédiats.
On vous le dit et le répète, les causes principales des incendies d’origine électrique sont les courts-circuits ! C’est ce que disent les journalistes mais c’est très loin d’être la réalité. Il semble que les experts en incendies ainsi qu’une bonne partie de la population utilisent le terme « court-circuit » pour désigner un peu tout et n’importe quoi. La plupart du temps le terme « court-circuit » dans un discours sur la sécurité incendie est un abus de langage. Cet abus de langage récurrent est un véritable problème en ce que les électrotechniciens ont une définition très précise de ce phénomène qui n’est absolument pas, de fait, la première cause d’incendie d’origine électrique. Ces derniers risquent de vous proposer des solutions inappropriées pour un problème de terminologie et faute de communication clairvoyante. Cette mauvaise communication dans le domaine de la sécurité peut être relativement grave, car les populations ne sont pas informées des bonnes pratiques de sécurité. La non explication des véritables phénomènes physiques engendre des initiatives dangereuses.
L’échauffement électrique se produit par effet Joule. La puissance en Watts dissipée par effet Joule se calcule comme suit : P= R x I².
P est la puissance en Watts.
R est la résistance électrique exprimée en Ohms.
I est l’intensité exprimée en Ampères.
On peut donc obtenir un échauffement dans deux cas :
Lorsqu’un courant « fort » traverse une faible résistance.
Lorsqu’un courant « faible » traverse une certaine résistance.
C’est le courant qui est responsable de l’échauffement des conducteurs et qui en impose la section pour des valeurs données.
Rappelons aussi que le courant se calcule comme suit : I =U/R.
U est la tension exprimée en Volts.
On peut donc obtenir un courant fort si R tend vers 0, dans ce cas il s’agit d’un court-circuit, que nous allons définir autrement ci-dessous.
Définition d’un court-circuit
On peut commencer à expliquer le phénomène par une analyse étymologique. Un court-circuit serait le phénomène du courant qui emprunte un raccourci. Un raccourci, en électricité c’est là où la résistance électrique, c’est-à-dire, la difficulté du courant à passer, est la plus faible.
Or, lorsque la résistance est faible, la valeur du courant augmente considérablement, ce qui échauffe les conducteurs et peut provoquer un incendie. C’est aussi selon ce principe que fonctionnent les radiateurs électriques, mais dans ce cas l’échauffement est volontaire et maîtrisé.
Cette définition n’est toujours pas suffisante pour se rapprocher de celle des électrotechniciens. En effet, les électrotechniciens considèrent qu’un court-circuit est un phénomène qui survient lorsque la résistance du « raccourci » est quasiment nulle. Dans ce cas on obtient une valeur de courant très élevée, appelée courant de court-circuit. Pour arrêter les courts-circuits, existent des dispositifs de protection qui ne datent pas d’hier ; ce sont les fusibles et les disjoncteurs. Ils sont utilisés depuis les tout débuts de l’électricité, et les vieux fusibles des années 20 sont tout aussi capables d’arrêter les courts-circuits que nos disjoncteurs d’aujourd’hui et ainsi prévenir le risque d’incendie qui en résulterait.
Il est admis, dans le domaine de l’électrotechnique, qu’un court-circuit est un contact franc entre deux conducteurs possédant une différence de potentiel. Le terme « franc » est le terme récurrent définissant le court-circuit dans les milieux professionnels de l’électrotechnique et dans les universités. La norme NFC15-100 utilise aussi cette définition du court-circuit.
Extrait de la norme NFC 15-100 :
« 233.1
défaut
défaillance de l’isolation d’une partie active produisant une réduction du niveau d’isolement et pouvant provoquer une liaison accidentelle entre deux points de potentiels différent. Un défaut peut être franc ou présenter une certaine impédance. Un défaut franc entre conducteurs actifs est un court-circuit. »
La détection des courts-circuits
Un disjoncteur ou un fusible est calibré pour rompre le circuit lors d’un dépassement d’une valeur de courant donnée. Dans le cas d’un court-circuit, cette valeur est largement dépassée. C’est dans le cas d’un défaut non franc, c’est-à-dire ne présentant pas une résistance faible (on considérera « résistance » comme synonyme « d’impédance ») que le risque d’incendie existe.
En effet, si la résistance du contact entre les conducteurs en défaut ne permet pas le dépassement de l’intensité de calibrage du fusible ou disjoncteur, ce dernier n’interrompra pas le courant et l’échauffement accidentel se poursuivra. Un fusible ou un disjoncteur ordinaire n’a aucun moyen de savoir sous quelle forme et à quel endroit est dissipée l’énergie générée par le courant qui le traverse.
En réalité, il serait surprenant que la plupart des défauts soient des “courts-circuits francs”. Toutes les installations en France sont supposées être protégées, au moins par le disjoncteur principal du fournisseur d’électricité. Dans le cas des habitations, même une installation mal dimensionnée a peu de chance de ne pas interrompre un court-circuit. Il n’existe probablement plus guère d’incendies résultant de véritables courts-circuits et ce y compris sur des installations très anciennes correctement maintenues. D’une manière générale les incendies d’origine électrique sont le fait d’échauffements n’impliquant pas de courts-circuits.
Les échauffements sans courts-circuits
Il existe deux grands types d’échauffements accidentels sans courts-circuits : l’échauffement avec défaut et l’échauffement sans défaut. Rappelons qu’un défaut est, selon la norme NFC 15-100, une défaillance de l’isolation d’une partie active produisant une réduction du niveau d’isolement et pouvant provoquer une liaison accidentelle entre deux points de potentiels différents.
L’échauffement avec défaut
L’échauffement avec défaut est souvent proche du court-circuit. C’est lorsque l’on a un défaut présentant une certaine résistance. Souvent, ce défaut peut devenir un court-circuit mais dans ce cas, l’échauffement aura eu lieu bien avant que le disjoncteur ou fusible n’interrompe le courant.
Deux conducteurs en contact présentant une différence de potentiel peuvent créer un arc électrique (au sens propre du terme) puis/ou « charbonner » et créer une certaine résistance. Dans ce cas le courant pourra continuer de passer au travers de ce point particulier sans forcément dépasser la valeur de courant calibrée du fusible ou du disjoncteur. Ainsi, un point chaud pourra perdurer sans que les disjoncteurs et fusibles ne puissent rien y faire.
Même dans le cas où il ne se produit pas d’étincelle électrique visible, ce type de défaut est appelé « arc » par les constructeurs de disjoncteurs. Il n’est cependant pas nécessaire que le contact constitue une anomalie pour créer un arc. Un arc peut survenir aussi sans défaut. Pour résumer, un arc est un faux contact oscillant. Il est à noter qu’il existe maintenant sur le marché des disjoncteurs détecteurs d’arcs.
L’échauffement sans défaut
L’échauffement sans défaut peut être le fait d’un arc ou d’autres conditions particulières telles qu’un mauvais raccord, par exemple un fil mal serré sur une borne d’un disjoncteur. S’il y a mauvais serrage ou usure d’un câble/fil, soit nous sommes dans le cas d’un arc, soit dans le cas d’une section de conducteur équivalente trop faible au vu du courant qui la traverse. Qui dit résistance dit échauffement. Il n’est pas rare de constater des échauffements au niveau des bornes de raccordement des disjoncteurs ou porte-fusibles dont le jaunissement du plastique témoigne.
Pour résumer, l’échauffement sans défaut peut se déclarer, avec ou sans arc, par :
un mauvais serrage des raccords : disjoncteurs, dominos, borniers divers, etc.
un conducteur dont la section est accidentellement réduite : câble écrasé, torsadé, rongé par les nuisibles, etc.
un conducteur ou une borne de disjoncteur/porte-fusible oxydée ou sale
une brasure (soudure = abus de langage) mal réalisée
une prise électrique sale, oxydée, usée.
Il est extrêmement fréquent de constater des échauffements au niveau des prises électriques, à la fois sur la prise murale et les cordons. Les prises sont des connexions rapides et temporaires dont le bon contact n’est garanti que lorsque les lames sont propres et ont conservé leur élasticité. Lorsque les lames de contact sont oxydées et détendues, elles génèrent inévitablement des faux contacts.
Comment se prémunir contre ces risques d’échauffements liés aux défaillances matérielles ?
1) Lors de l’utilisation normale des installations.
Faites installer si possible des disjoncteurs détecteurs d’arcs.
Inspectez les câbles soumis à des mouvements fréquents : rallonges électriques, câbles de lampes articulées, d’appareils en mouvement comme les aspirateurs, etc. et faites remplacer tous les câbles écrasés torsadés ou qui présentent un aspect anormal (boursouflure, fils visibles, etc.)
D’une manière générale ne laissez jamais tourner une machine à laver, un sèche linge ou tout autre appareil puissant branché sur une prise murale sans surveillance.
Lors du branchement des appareils, veillez à ce que les prises de courant soient toujours enfichées à fond.
Lorsque vous devez brancher des appareils puissants comme des radiateurs électriques, sèches-linge, machines à laver, vérifiez ou faites vérifier régulièrement la prise murale, vérifiez aussi régulièrement la prise du cordon, si elle présente des traces de jaunissement ou si le plastique commence à fondre, remplacez le cordon et la prise murale.
Ne débranchez jamais la prise d’un appareil en fonctionnement, commutez toujours l’appareil en position « arrêt » depuis la commande prévue à cet effet. Par exemple, mettez toujours le thermostat du four et/ou l’interrupteur sur « arrêt » avant de retirer la prise. Cela évitera de détériorer la prise murale et celle du cordon de l’appareil, qui , à terme, génèreraient des faux contacts.
Ne laissez jamais un appareil branché après utilisation et particulièrement ceux dont le câble d’alimentation est amené à bouger souvent : outillage électroportatif, aspirateur, etc. En effet d’un point de vue purement statistique, moins il y a de conducteurs sous tension et plus la probabilité de défaillance est faible.
Vérifiez régulièrement l’absence de jaunissement sur les disjoncteurs et les prises, remplacez ou faites remplacer systématiquement les appareillages endommagés.
2) Lors d’interventions sur les installations.
Vérifiez le serrage des raccords de toutes les nouvelles installations à la fin de chaque intervention : c’est à dire, le serrage des vis des bornes. Dans le cas des bornes à ressorts, vérifiez la bonne tenue mécanique du fil dans la borne. En revanche, nous n’avons pas la possibilité de contrôler la force de serrage du fil, supposée être calibrée par la valeur du ressort de la borne. Ces dispositifs ne font pas l’unanimité chez les professionnels (voir l’exemple de la prise fondue ci-dessus).
Vérifiez qu’aucun câble ou fil ne soit en friction ou serré sur des arêtes vives.
Désoxydez et dégraissez consciencieusement (re-dénuder si besoin) les extrémités des conducteurs lors de la construction ou du remplacement d’une installation ou d’un élément d’installation.
Lors de la réalisation d’une brasure, dégraissez et désoxydez les éléments en contact, utilisez de la pâte décapante.
Les échauffements liés aux erreurs humaines.
Enfin, il existe les échauffements sans défaut résultant de causes humaines évitables, qui sont le fait de comportements conscients et visibles, il s’agit principalement de l’erreur de dimensionnement des conducteurs (erreur de conception d’une installation) et de la surcharge.
L’erreur de dimensionnement
L’erreur de dimensionnement des conducteurs est inévitablement une cause de surchauffe. Nous sommes dans le cas d’un courant nominal trop important par rapport à la section du conducteur.
La surcharge
La surcharge c’est lorsque l’on branche trop d’appareils sur une même prise. C’est particulièrement dangereux lorsque l’on utilise une prise/multiprise qui est branchée sur une ligne dont la valeur de calibrage du disjoncteur est supérieure à la valeur du courant maximal admissible par la prise/ multiprise. Ce n’est pas censé arriver dans une installation correctement protégée, par des disjoncteurs magnéto-thermiques (qui détectent les surcharges) ou certains types de fusibles. En effet avec des multiprises censées supporter le courant nominal imposé par le formalisme de la prise, une surcharge ne devrait jamais être possible. Une surcharge peut aussi être la conséquence d’un moteur électrique bloqué ou usé, qui va consommer une intensité supérieure à sa consommation nominale. Sachez toutefois qu’un disjoncteur magnétique ne peut pas détecter une surcharge. Plus guère répandus sur les tableaux électriques, il en reste encore. Un fusible peut stopper une surcharge (s’il est bien dimensionné) car c’est un filament qui s’échauffe et accumule de la chaleur avant de fondre.
Éviter les erreurs.
En conséquence, il est fortement déconseillé d’utiliser des adaptateurs permettant de passer d’une prise normalisée 20 Ampères à une 16 Ampères par exemple. Rappelez vous qu’un disjoncteur n’a aucun moyen de savoir dans quels conducteurs/adaptateurs passe le courant qu’il surveille. Si vous n’avez pas le choix, remplacez impérativement le fusible ou le disjoncteur afin qu’il corresponde à l’intensité maximale admissible par le format de prise adapté.Si le fusible ou le disjoncteur n’est pas remplacé, vous risquez d’autoriser le passage d’un courant de 20 Ampères, en cas de problème, dans une prise ou multiprise ne pouvant en supporter que 16 au maximum.
D’une manière générale, ne branchez jamais d’appareils “puissants” tels que les radiateurs, sèche-linge, machines à laver, machines outils, etc. sur des multiprises.
Conclusion.
Ayez toujours la curiosité de comprendre les véritables phénomènes physiques impliqués dans tous les sujets, suivez les recommandations des physiciens, réellement compétents contrairement aux utilisateurs intermédiaires et journalistes divers.
Le phénomène d’association d’idée est très fortement lié à la notion de contextes. En effet, ce phénomène consiste à considérer, à tort, comme irrémédiablement liées, par la logique ou les lois physiques, des notions que nous avons l’habitude de voir apposées, et uniquement apposées, c’est à dire fréquemment rencontrées ensembles dans un même contexte.
1. Exemple de l’automatisation.
Une association d’idée très toxique pour la recontextualisation est celle qui consiste à lier irrémédiablement dans notre esprit les machines, la mécanisation et l’automatisation à l’industrie. Avec une telle association d’idée, on éliminerait les technologies au lieu de les adapter, de les recontextualiser. Même si c’est bien l’industrie l’utilisateur principal de l’automatisation, il serait dommage de penser, que si l’on doit chercher d’autres contextes utiles à l’existence humaine, il faille alors se débarrasser de l’automatisation et des machines. En effet, nous serions tentés de penser que si l’industrie “est les hautes technologies et l’automatisation”, alors ce qui n’est pas l’industrie doit être démuni de machines.
Cette association d’idée récurrente est d’ailleurs responsable de l’adhésion à des “package” d’idées toutes faites dont les “hippies écolos” sont férus et dont la non utilisation des technologies fait partie. Cette expression “hippies écolos” renvoie à un stéréotype qui n’est pas uniquement la vision caricaturale que l’on a de ces personnes, mais aussi la doctrine qu’elles assument consciemment.
Ceux qui cherchent à fuir l’industrie entrent trop souvent dans la caricature de ces “hippies écolos” qui utilisent alors les “basses technologies” ou en anglais “Low tech”.
Heureusement, et l’on peut s’en réjouir, le concept de “low tech” a complètement changé de sens et est devenu quasiment antinomique et synonyme d’ingénierie « high tech » à petite échelle, qui est un excellent exemple de recontextualisation des technologies.
2. Exemple du courant continu.
Nous entendons fréquemment dire que, en électricité, en tension continue, il est nécessaire d’utiliser des câbles de forte section. Ce n’est pas plus nécessaire qu’en tension alternative, je vous propose de développer cet exemple.
« Courant continu = gros câbles électriques », voilà l’erreur la plus courante pour le commun des mortels (qui ne sont pas techniciens, s’ils font cette erreur tout en étant technicien, alors c’est « grave »). C’est l’origine de cette pensée erronée que je vais tenter d’expliquer ci-dessous.
Préambule
Le courant qui se stocke dans des batteries est dit continu, c’est-à-dire que la tension est constante au cours du temps (on néglige la chute de tension liée à la décharge pour simplifier les explications).
Le courant alternatif est celui que l’on trouve dans les prises électriques domestiques, il varie alternativement au cours du temps, étant tantôt positif tantôt négatif. Il est produit principalement par des alternateurs qui lui confèrent sa forme sinusoïdale (ce qui n’est pas obligatoire, il peut être aussi “carré” ou “triangulaire”, etc.)
Explication
La question à se poser, clé du problème, est la suivante : dans quels contextes rencontrons nous le plus souvent la tension continue ?
La réponse est : à chaque fois que l’on a affaire à une batterie de stockage.
Dans les véhicules (voitures, motos, camions, bâteaux, etc.).
Dans les petits appareils (téléphones portables, rasoirs électriques, calculatrices, ordinateurs portables, etc.).
Le problème survient à ce moment précis, le caractère continu du courant n’est en aucun cas sa seule particularité dans ces contextes récurrents. Il est surtout utilisé en très basse tension dans les cas cités ci-dessus. Or, c’est la valeur de l’intensité du courant électrique qui détermine la taille des câbles à utiliser pour transférer la puissance. Plus le courant est élevé, plus la section du câble doit être importante.
Considérons un besoin de 1 000 Watts, la puissance s’exprime comme suit :
Puissance = tension x courant
(On admettra que cela est vrai en courant continu et alternatif; en régime alternatif cette valeur est appelée puissance apparente).
Avec une tension de 12 Volts (batterie de voiture par exemple) on obtient :
On constate que le courant est beaucoup plus fort en raison de la basse tension, à puissance équivalente.
On précisera aussi qu’on rencontre le régime continu en plus hautes tensions dans l’industrie. Et si le courant est faible, à puissance équivalente, en haute tension, on comprend l’intérêt que l’on a à transporter la puissance sous forme de tension plutôt que de courant (d’où les lignes à haute tension). De ce fait, moins de matière est nécessaire pour réaliser les lignes.
Dans cet exemple le raccourci subjectif nuisible est que le courant continu nécessite de gros câbles parce que l’on a l’habitude de le rencontrer au quotidien, dans le contexte particulier de la très basse tension. On se focalise alors sur le caractère appelé « continu » de ce courant. On en oublie l’aspect basse tension qui est la véritable raison des courants forts impliquant des câbles fortement dimensionnés en section.
3. « On entend le 50 Hz ».
Ce paragraphe s’inspire de fait réels vécus par le rapporteur de cet exemple.
Nous entendons aussi régulièrement dire que, près d’une armoire électrique ou d’un transformateur qui bourdonne, « on entend le 50 Hz ». A l’université de Savoie, un grand spécialiste de l’électromagnétisme, enseignant chercheur de haut niveau, et également musicien, a affirmé lors de travaux pratiques, que le transformateur que nous utilisions générait un son proche de 50 Hz. Un seul étudiant contredit ce fait, l’enseignant persista, mais l’accordeur électronique d’un autre étudiant lui aussi musicien afficha finalement 98.8 Hz lorsqu’il fut approché du transformateur. L’enseignant n’admis son erreur qu’une semaine plus tard.
Que s’est-il passé ? Il y a eu une association d’idée inconsciente, qui a transité du domaine de l’électrotechnique au domaine de l’acoustique par l’intermédiaire de l’existence de la notion commune de fréquence dans ces deux contextes.
La définition électrotechnique de la fréquence d’un signal et sa définition acoustique sont différentes. Dans le cas de l’électrotechnique, la fréquence représente le nombre de fois que le signal complet et identique se répète dans une seconde. En d’autres termes, le nombre de périodes par seconde. La période de la tension alternative est constituée de l’alternance négative et de l’alternance positive. Or, chacune génère un choc acoustique lorsque le courant traverse une bobine par exemple.
La définition acoustique d’une fréquence n’est autre que le nombre de chocs transmis dans l’air par seconde, ce qui correspond au nombre de crêtes. En résumé nous avons 50 périodes de tension alternative par seconde, générant chacune deux chocs soit 50 x 2 = 100 ! Le son que vous entendez, en Europe, près d’un transformateur électrique est donc bien de 100 Hz. En Amérique du nord, la tension alternative du réseau a une fréquence 60 Hz, le son que vous y entendez près d’un transformateur est donc de … 120 Hz.
Pour vous en convaincre, voici les définitions acoustiques des différentes fréquences évoquées dans cet article :
Faites le test, lequel de ces sons entendez vous à côté de votre tableau électrique ?
4. L’opposition de phase.
Oui, nous n’en avons pas fini avec les associations d’idées erronées au sujet de la fréquence, elles sont si vicieuses qu’elles génèrent de la désinformation, provenant aussi du corps enseignant. Qu’ils se rassurent, nous n’en voulons pas du tout aux enseignants pour cette erreur récurrente. Mais nous ne pouvons pas éviter ce sujet en tant qu’exemple d’association d’idée. Ainsi nous allons en finir une bonne fois pour toute avec la légende des tubes fluorescents (appelés encore à tors « tubes à néon » ou simplement « néons ») qui seraient « montés en opposition de phase ».
Contrairement à une lampe à incandescence dont le filament possède une inertie thermique, les néons « flashent ». Le scintillement qu’ils génèrent provient du fait qu’il s’agit d’un gaz bi-température ionisé qui arrête d’émettre de la lumière lorsque la tension descend en dessous d’une certaine valeur. Ainsi, alimenté en tension alternative, le tube arrête d’émettre de la lumière autant de fois que la tension passe par 0. La persistance rétinienne ne nous permet pas d’être totalement conscient de ce fonctionnement intermittent. Nous percevons toutefois un léger effet stroboscopique avec l’éclairage par tubes fluorescents, communément qualifié de fatiguant pour les yeux. Par ailleurs, si vous avez lu la rubrique 3, vous comprendrez que comme le tube à néon n’est pas polarisé, il émet une lumière à 100 Hz, c’est à dire 100 flash lumineux par seconde. Si vous possédez un ancien écran cathodique d’ordinateur, vous pouvez faire le test : configurez le rafraichissement à 50 Hz (renouvellement de l’image 50 fois par seconde) et vous comprendrez qu’il serait totalement impossible de supporter un éclairage à 50 Hz.
Il est néanmoins fréquemment évoqué que les tubes fluorescents seraient alimentés en « opposition de phase » afin de réduire cet effet stroboscopique. Cela consisterait, sur une paire de tubes, à générer le moment d’éclairage de l’un au moment ou l’autre s’éteint. Seulement, il s’agit d’une légende, l’opposition de phase ne change strictement rien, comme le montre le tracé ci dessous, puisque sa définition est un décalage de 180° ou de π. Cela nous mène à ceci :
Nous comprenons très rapidement que cela ne nous avance en rien car si chaque signal alimente un tube, la lumière est émise au même moment. La fréquence de l’éclairage est toujours de 100 Hz. Ce tracé reste approximatif car les tubes fluorescents sont alimentés par l’intermédiaire de bobines appelées ballast. Le principe du déphasage relatif de deux ensembles tube-ballast identiques reste néanmoins comparable.
L’opposition de phase pour lisser l’éclairage des tubes fluorescents est une légende, en revanche, si nous tenons à lisser l’éclairage, vous constaterez qu’il faut plutôt déphaser l’alimentation d’un des deux tubes de 90° ou π/2. Cela nous amène au tracé ci dessous :
Dans ce cas, pour une paire de tubes alimentés par ces tensions différentes, nous avons 200 flash lumineux par seconde, soit un éclairage à 200 Hz. Cela peut être effectivement réalisé avec un montage électronique redresseur/onduleur ou en jouant sur les caractéristiques des ballasts par exemple.
Conclusion
Les associations d’idées sont la manière que nous avons de ranger les notions dans notre cerveau, et qui échappe parfois à la raison. Il ne faut traquer et éliminer évidemment que celles dont les liens comportent des failles logiques susceptibles de nous faire commettre des erreurs. Car ce sont elles aussi, les associations d’idées cohérentes, qui nous permettent de créer. Parfois, comme dans l’exemple du 50 Hz, les liens sont relativement subtiles.
Nous parlerons ici toujours du rendement au sens où l’entendent les scientifiques, ingénieurs et techniciens. En physique c’est celui qui est représenté par la lettre Grecque η (eta) et qui spécifie le taux de conservation de l’énergie qui est traitée par un système.
Quelques précisions sur le rendement.
Avant de poursuivre, il faut savoir qu’aucun système physique ne peut créer ou détruire de l’énergie, il ne fait que la transformer sous diverses formes. Lorsqu’elle est transformée sous une forme d’énergie qui ne remplit pas le rôle premier du système considéré, alors on l’appelle perte. Par exemple un moteur à essence produit de l’énergie mécanique mais aussi des pertes en chaleur. La notion de pertes est donc subjective car dans le cas où vous voudriez produire de l’énergie mécanique et en même temps de la chaleur, vous pourrez admettre n’avoir aucune perte.
Dès lors que vous entendrez parler d’un rendement supérieur à 100%, vous devrez comprendre qu’il s’agit là d’une escroquerie, sans le moindre risque de vous tromper. On entend également parler du terme “surunité” pour désigner un rendement supérieur à 100%.
La vision industrielle du rendement.
Dans l’industrie, le rendement est au centre de toutes les attentions, notamment parce qu’il a un lien avec l’aspect économique. Pour comprendre, nous pouvons prendre l’exemple d’une chaufferie industrielle qui utilise un combustible fossile. L’objectif est de produire un maximum de chaleur puisque c’est le produit qui est vendu. Afin d’avoir la marge financière la plus importante, nous aurions intérêt à tirer le maximum de chaleur du combustible acheté. Le rendement de la chaudière a toute son importance, tout comme pour le chauffage central du particulier qui a envie de payer la plus petite facture possible pour un besoin donné. On préfèrera toujours une chaudière au rendement de 90% à une chaudière au rendement de 70%. Remarque : une chaudière ne fait que sensiblement produire de la chaleur, une partie s’échappe dans les gaz brûlés, c’est la principale perte. Si la combustion du fioul ou du bois est incomplète, alors il reste dans les cendres ou sous forme de suies, de l’énergie chimique non exploitée, qui peut aussi être considérée comme une perte selon le stade où vous commencez votre bilan énergétique.
Il en est de même pour un produit tel qu’une éolienne. Si un fabricant d’éolienne optimise savamment la forme des pales de cette dernière, c’est pour vendre un produit le moins cher possible et qui produira le plus d’énergie possible. Plus le client est susceptible d’avoir une installation rentable dans le cas d’une revente d’énergie, plus il sera intéressé par l’achat du produit. Dans cette optique, plus l’investissement de départ est faible pour une production d’électricité donnée, plus la rentabilisation du moyen de production sera rapide.
Le pragmatisme et le rendement.
Dans le cas où vous voudriez produire de l’énergie pour répondre à un besoin en autoconsommation, qui plus est, en fabriquant vous même votre éolienne, ce n’est plus la même histoire, ce n’est plus le même contexte, vous entrez dans le cadre des “loisirs techniques” ou du “faire soi même”. Votre objectif est évidemment de répondre à votre besoin, dont vous choisissez la définition.
Ne souhaitant pas perdre de temps ni d’argent vous devrez être objectif en tenant compte des hypothèses particulières de ce contexte. Ainsi il existe de nombreuses conceptions d’éoliennes utilisant des matériaux de construction comme des tuyaux d’évacuation en P.V.C. ou encore des matériels récupérés tels que des fûts en acier ou en plastique. Il en résulte une forme imposée des aubes de l’éolienne, directement dépendante des matériaux de récupération.
Le rendement d’une telle éolienne ne sera donc pas forcément “très bon”, d’ailleurs, nous n’avons que faire de chercher à le quantifier précisément, c’est la quantité absolue récupérée d’énergie qui sera ou non en adéquation avec votre besoin. Si un ingénieur critique votre éolienne en prétendant que les pales ou aubes ne sont pas profilées correctement, n’hésitez pas à lui proposer de prendre en compte sa remarque et à l’inviter à revenir visiter votre prochaine éolienne. Bien évidemment, en revenant il sera surpris de se trouver nez à nez avec une éolienne dont les aubes sont identiques, mais d’une dimension une fois et demie ou deux fois plus grande ! En effet, dans le contexte de loisirs techniques, le surcoût engendré par l’agrandissement de l’éolienne est négligeable, mais la puissance récupérée aura effectivement augmenté et vous répondrez d’autant mieux à votre besoin. Vous pourriez aussi construire une seconde éolienne supplémentaire identique à la première.
Conclusion
Il est toujours possible, dans un contexte de loisirs techniques, de faire de l’optimisation plus poussée. Chacun est libre, dans ce contexte, de choisir la quantité d’argent, de temps, d’investissement manuel et intellectuel qu’il désire utiliser dans un projet. Ayez une vision neutre mais exacte de la notion de rendement, ainsi vous déciderez ce que vous en ferez en fonction de votre contexte.
L’histoire est un ensemble d’événements et de contextes plus ou moins étalés dans des périodes données, dont les frontières pourraient faire débat. Il existe notamment un débat sur la définition de la révolution industrielle, laquelle, pour certains, commence avec l’invention de l’horlogerie et pour d’autres avec celle de la machine à vapeur.
Le caractère temporel
L’histoire est effectivement une image chronologique unique des états successifs du passé (sans considérer les différentes notions de physique quantique qui pourraient en contredire l’unicité !) De ce fait, elle nous procure une image figée de chaque contexte et des technologies qui y ont été appliquées.
Le retour en arrière
L’histoire est alors aussi la source de réflexes subjectifs tout comme l’expérience et l’habitude. En effet, lorsque l’on évoque la ré-utilisation, la remise au goût du jour de notions utilisées dans le passé, certains s’y opposent subjectivement avec le caractère péjoratif de l’expression “retour en arrière”. Mais l’histoire regorge de concepts qui ont existé dans des contextes uniques, du fait du caractère temporel de l’histoire, mais qui en aucun cas ne seraient les seuls leur permettant d’exister.
Dans notre cas, on peut citer l’exemple de l’intérêt du retour au stockage d’énergie électrique à l’échelle du bâtiment, avec le développement de l’électronique de puissance, qui est une jeune science contemporaine.
Conclusion
L’histoire constitue un riche et intéressant recueil d’idées et de concepts qu’il ne faut en aucun cas délaisser sous prétexte qu’ils proviennent du passé. Ils peuvent être décontextualisés, sortis de l’histoire puis recontextualisés utilement, en étudiant leur compatibilité avec les nouvelles avancées scientifiques. La succession historique de concepts et d’inventions étant uniquement le fait “du hasard”.
Les livres et les thèses : que de vertueux supports pour transmettre la connaissance ! Mais attention, encore faut-il, une fois de plus, être parfaitement conscient, à tout instant de la lecture, du contexte dans lequel le document a été écrit. Il faut tout considérer : la localisation temporelle et géographique, le milieu culturel, les objectifs de l’auteur, etc. Sans ça, le risque est grand de considérer le contenu comme étant universel et intemporel. Vous noterez que la documentation est bien liée à l’histoire. C’est bien souvent elle qui permet de la transmettre par les livres et tout autre support, aujourd’hui éventuellement numérique.
L’exemple du gazogène.
Dans le contexte des loisirs techniques, une machine très répandue est, apparement, la victime parfaite de la non recontextualisation, probablement engendrée par la documentation et le mimétisme technologique. Il s’agit du gazogène. Le mot “gazogène” dans la catégorie “images” d’un moteur de recherche démontre immédiatement la circulation indéniable de plans périmés de bientôt 100 ans. On regrette l’absence de plans de gazogène “high tech”.
Le gazogène est une machine inventée en 1920 par George Imbert qui permet de créer un gaz inflammable à partir d’un combustible solide, notamment bois ou charbon. Il fut utilisé pendant la seconde guerre mondiale par la population civile, lorsque le pétrole vint à manquer, pour faire fonctionner les véhicules. Il est actuellement toujours utilisé en Corée du nord du fait de l’embargo sur le pétrole.
Malheureusement, la grande communauté mondiale de bricoleurs de gazogènes ne parvient pas à produire d’améliorations “poussées” autres qu’esthétiques sur les véhicules équipés de ce système.
On peut effectivement constater, sur les forums de passionnés de gazogène, et dans leurs vidéos visibles sur le net, que les plans ancestraux des années 20 circulent encore massivement ! Après tout « un gazogène c’est comme ça qu’on le fait, non ? » Puisque c’est écrit sur les plans …
L’utilisation d’un gazogène ancien est laborieuse et souvent critiquée, à juste titre, à cause de ses principaux défauts, à savoir :
Le ralenti moteur doit être très élevé pour maintenir la production régulière de gaz.
Le démarrage du gazogène est long et laborieux (allumage manuel, attente à l’extérieur du véhicule, etc.)
La gestion de la richesse du mélange air/gaz est, elle aussi laborieuse, elle se fait à la main avec un petit levier que l’on doit souvent manœuvrer dans l’habitacle.
Etc.
Il est parfaitement regrettable d’entendre ces phrases comme étant des fatalités imputables au gazogène, à l’ère où l’on envoie des rovers sur Mars réalisant des analyses automatiquement tout en nous les transmettant à des distances intersidérales. Ces défauts du gazogène sont ceux d’une conception brute et primitive d’un temps où il n’y avait ni électronique, ni moyen d’acquérir des composants technologiques peu coûteux qui permettraient d’éliminer ces défauts.
Il serait appréciable d’entendre par exemple :
pour régulariser le ralenti moteur, nous pouvons stocker le gaz sur le court terme avec une turbine centrifuge entraînée par le moteur et alimentant un réservoir tampon
l’automatisation du démarrage peut se faire avec quelques capteurs, et actionneurs divers
la gestion de la richesse peut se faire automatiquement avec des servo-vannes après avoir étudié sur un prototype instrumenté, le comportement du moteur+gazogène
etc.
Les automaticiens et techniciens qui liront cette partie auront déjà, j’en suis sûr, en prenant rapidement connaissance du fonctionnement d’un gazogène, beaucoup d’idées pour actualiser ce procédé ! S’il ne l’a pas été jusqu’à maintenant, c’est parce que le gazogène (en locomotion) est très exclu du contexte économico-industriel, en raison de l’utilisation massive du pétrole. Ainsi, aucun investissement en très hautes technologies et matière grise n’a été affecté à la problématique du gazogène pour véhicule.
Conclusion
La documentation photographie l’histoire et incite les personnes à copier les systèmes contenus dans les livres sans les décontextualiser/recontextualiser. Nous devons être conscients des différences contextuelles historiques qui ont été la cause de la constitution des machines ainsi dessinées dans les livres. On peut aussi se poser la question de savoir s’il n’existe pas un mimétisme dans la manière de structurer les livres et documents qui traitent des mêmes sujets.